C’est sans doute le mythe le plus difficile à faire disparaître dans l’esprit des maîtres. N’avez-vous jamais entendu dire « Nous devons agir en tant que membre Alpha au sein de la meute. Nous sommes les dominants et les chiens les dominés » etc.
Pourquoi ces affirmations sont-elles fausses ?
Nous pensons que parce que le chien et le loup ont 99,9 % de patrimoine génétique en commun cela nous permet d’établir un parallèle au niveau de leurs comportements. Les études réalisées sur des loups en captivité ont montré la présence d’une hiérarchie donnant prioritairement accès aux ressources à un loup ou une louve dite Alpha. Cette constatation a été étendue aux chiens et des conclusions trop hâtives ont été tirées. Le loup n’est pas un chien et nous ne sommes certainement pas des chiens.
L’étude de l’organisation sociale des loups en liberté est venue contredire cette notion d’Alpha. L’organisation de meute s’établit suivant les circonstances et en fonction de l’accès aux ressources. La meute utilise au mieux les compétences de chaque loup pour que le groupe puisse avoir accès à la ressource. Cette organisation est donc variable et opportuniste.
Dans le cadre d’une même espèce, on remarque des attitudes de dominance et de soumission lors de l’accès à une ressource commune. Alors que dans une autre situation, on note une tout autre organisation.
Nous voyons que la notion même de chien dominant ou dominé n’a aucun sens. La clé, c’est l’organisation sociale dans les relations liant deux espèces différentes.
Le chien et l’homme sont des espèces sociables. Le chiot sorti de sa cellule familiale apprend en grandissant les règles du groupe social où il vit, la famille. La relation qui s’établit entre l’humain et le chien est dite de type commensaliste.
Cette relation peut être décrite comme un Win-Win. Le chien y trouve des intérêts et l’humain également. Nous ne sommes donc pas dans un schéma hiérarchique, mais dans celui du contrôle de l’accès à la ressource. Cette vision des relations que nous pouvons avoir avec notre chien change radicalement notre place et notre rôle. Le chien vit le moment présent et détermine dans l’instant qui a la meilleure opportunité pour répondre à ses besoins.
Répondons au mieux à cette perception que le chien a de notre relation et utilisons-la en connaissance de cause.
Comme exemple simple nous pouvons prendre l’accès à la nourriture. En rendant l’accès à la gamelle conditionnel au bon vouloir du maître le chien apprend vite que son intérêt est d’attendre ou de faire ce que son maître lui demande. Une fois la nourriture accessible le chien peut avoir une attitude de défense de la ressource. Il peut grogner. Il prévient qu’il est prêt à en découdre. Cela en fait-il un chien dominant ? Non, à nous de changer la méthode de nourrissage, par exemple, en donnant la nourriture croquette par croquette.